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En septembre 1980, je fis mon entrée au Lycée Dumont
D'Urville à Toulon. J'y
rencontrai Madame Grissolange, professeur d'Histoire de l'Art et
Monsieur Maurel, professeur de Français. Ces deux enseignants
mirent en formes et en mots un monde que je soupçonnais,
mais qui
m'était encore inconnu.
Avec Madame Grissolange je découvris le monde de l'abstraction : Kandinsky, Klee, Mondrian, Pollock...Cet apprentissage de l'histoire de la peinture fut un choc et une joie. J'appris que Klee demande à la peinture de révéler le fonctionnement du monde : "Que perçoit un homme qui marche sur le pont d'un transatlantique? Son propre mouvement, la course du navire, la direction et la vitesse du courant, la rotation de la Terre, sa course à travers l'espace, tout un monde en mouvement au sein du grand Univers." "La Terre le cède chez moi à la pensée cosmique. Mon amour est lointain et religieux. J'occupe un point originel de la Création, un point reculé à partir duquel je suppose des formules appropriées à l'homme, à l'animal, au végétal, aux pierres et à la terre, à l'eau et à l'air, à l'ensemble des forces cycliques. Des millions de questions cessent comme si elles étaient résolues. Là, ni dogme, ni hérésie: le possible y est sans bornes et la croyance en lui vit en moi, créatrice... L'Art ne reproduit pas le visible, il rend visible." Paul Klee
Je fus foudroyée par Kandinsky et son livre Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier. "L'Art est notre religion... Son développement procède par éliminations soudaines; elles éclairent d'une lumière aveuglante de nouvelles vérités, qui ne sont que la croissance organique de la sagesse première, laquelle, loin d'être annulée par ces nouvelles vérités, continue de vivre et d'engendrer la sagesse et la vérité." Wassily Kandinsky
"L'équilibre doit être atteint par
l'égalité de la Nature (de la matière) et de
l'Esprit, l'égalité de l'individuel et de l'universel, du
masculin et du féminin. L'équilibre est réalisable
dans la plastique, mais aussi dans l'homme et la société.
Dans la société, l'égalité de ce qui
concerne la matière et de ce qui concerne l'esprit peut
créer une harmonie jusqu'ici inconnue." Piet Mondrian (1972 -1944)
"Un bon peintre peint ce qu'il est."
Devant
une toile de Pollock j'ai la même impression que devant les
flammes d'un feu de cheminée, je suis hypnotisée. Lorsque
j'appris qu'un film sur Pollock avait été
réalisé j'eus très peur. Il n'y a rien a dire
sur Pollock, seulement savoir garder le silence et contempler.
Le cinéma est un travail d'équipe, d'échange, de confrontation, d'entre-aide... la peinture est un voyage en solitaire, silencieux et intime, c'est pourquoi il me semble difficile de montrer au cinéma le monde d'un(e) peintre. Mes inquiètudes se sont évanouies devant le film de Ed Harris; je salue bien bas le travail qu'il a accompli et je le remercie d'avoir su mettre son talent au service de ce très beau film sur Pollock. Mes salutations à Marcia Gay Harden qui joue Lee Krasner (1908 - 1984) ; j'ai beaucoup aimé une des scènes coupées au montage, dans laquelle elle se met en colère parce que Pollock retouche une de ses toiles... Il subsiste encore de nombreux préjugés à l'encontre des personnes de genre féminin qui décident d'être peintre. Enfin, quelques mots sur Olivier Maurel, professeur de français. Il est de ces enseignants calmes et lumineux qui ouvrent des passages jusqu'ici inconnus des élèves, tout en les laissant libres d'emprunter ou non ces chemins. La non-violence n'est pas qu'un contre-pied à la violence,
elle est le fruit d'un cheminement intérieur pour faire ressortir
le meilleur qui existe en chaque être humain et à la question
: « Qu'est-ce que la non-violence ? »,
l'auteur répond ceci : « C'est un ensemble de moyens
destinés, dans les situations de conflit, à se faire respecter
tout en respectant la personne de ses adversaires. La non-violence
est aussi une attitude intérieure de communication et d'écoute
par laquelle on s'exprime sans empiéter sur le territoire de
l'autre, sans lui attribuer des sentiments ou des étiquettes,
sans le juger. » Non, la non-violence n'est pas utopique car l'être humain est complexe, il peut porter en lui des parcelles de violence mais aussi des éléments de non-violence ; « Le B.A. BA de l'action non-violente, c'est d'activer chez son adversaire les seconds éléments plutôt que les premiers » nous dit Olivier Maurel. "Tout l'art de la non-violence consiste à s'adresser au meilleur de l'individu …" |
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